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Flux Scape / Google as a medium
Commande publique “Flux, une société en mouvement“, CNAP, Ministère de la culture / 2019

L’image flux: une histoire de spatialités entre objet politique et vecteur d’imaginaire
Michèle Debat / Avril 2020
Les œuvres photographiques et vidéographiques de Lionel Bayol-Thémines, s’inscrivent dans le chiasme critique contemporain où l’observation du réel fait l’expérience des failles de ses outils de captation, où la collecte de données technico-scientifiques révèle les manques de leur pouvoir représentationnel, où la mise en espace trahit la vanité de toute interprétation. Ainsi participe t-il de cette ère du post-médium – chère au théoricien allemand des médias Peter Weibel – caractérisée par la fluidité des images, par l’équivalence et le mélange des médiums et des sources, par cette esthétique du « donné » devenu « le nouveau dogme de toute culture visuelle » . Mais ce n’est pas sans nous rappeler – depuis Raymond Poincaré, en passant par Albert Einstein, Gaston Bachelard, puis aujourd’hui quelques anthropologues – que le réel ne donne rien qui puisse se transformer en connaissances exactes, puisque tout observant est observé à son tour : Ainsi, aucune « observation participante » , ne peut prétendre – sauf à titre politique – à une quelconque conversion en données, qu’elles soient graphiques, mathématiques ou même picturales.
Ici, le projet Flux-Scape de l’artiste, semble magistralement faire écho et en même temps détourner cette conception aussi scientifique, politique qu’anthropologique et activer ainsi nos imaginaires les plus enfouis. Dans une première série de photographies (Cartographie satellitaire Afghanistan / Pakistan), explorant les vues aériennes stockées et répertoriés par le logiciel Google Earth, le photographe extrait du flux, un ensemble d’images qu’il recompose en mosaïques colorées, où des plages abstraites côtoient des grilles graphiques au défi de nouveaux récits de l’univers. Si la cartographie a toujours été un objet – et un enjeu – politique, elle a aussi été et reste le support de récits imaginaires. Ainsi, en est-il des trois vidéos en boucle (Data Landscape – Routes de la migration), ancrées dans un choix politique – celui des territoires traversés par les migrants, Niger, Lybie, Sicile, Afganistan, Pakistan …, mais ouvrant à des spatialités quasi poétiques où le bleu du ciel se partage l’écran avec des espaces au rouge et ocre désertiques. C’est avec ce nouveau geste de nomadisme – tel un nouveau Stalker errant ici dans ce nouveau monde de données et de modèles issus de l’IA – que l’artiste interroge cette fois-ci le réchauffement climatique Pôle sud / Groenland, dans une suite de constellations d’images stellaires et planétaires, véritables fictions d’un réel spatialisé par nos inconscients algorithmiques. Ainsi se modélisent en objets politiques, les projections imaginaires de nouvelles données dont la matérialité, qui n’est plus que visualité sans visuel, dessine de manière diffuse une géographie politique des bruits du monde – ou de ses silences assourdissants.
Michelle Debat – avril 2020

Plusieurs cartographies satellitaires, Afghanistan / Pakistan Source Google Earth.
Polyptyque: 36 photographies pigmentaires sur papier smooth cotton sous cadre, format 378 cm x 310 cm
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De gauche à droite:
Carte N°1: photographie pigmentaire sur toile, format 180 cm x 125 cm
Carte N°2: photographie pigmentaire sur papier japonais Kozo, format 40 cm x 60 cm
Carte N°3: photographie pigmentaire sur papier baryta, format 28 cm x 21 cm Souce Google Earth

3 vidéos
Data Landscape, routes de migration par le prisme du paysage traversé Source Google Earth.
Niger / Lybie / Sicile- 45,12 mn en boucle
France / Angleterre – 4,29 mn en boucle
Afghanistan / Pakistan / Mer Caspienne- 1h 18 mn 34 s en boucle
https://vimeo.com/462630835

Réchauffement climatique Pôle sud / Groenland, source Google Earth.
1 photographie pigmentaire sur “aluminium brossé “, format 277,5 cm x 150 cm
3 photographies pigmentaires sur papier baryté, format 53,5 cm x 100 cm
3 photographies pigmentaires sur papier smooth cotton, format 40 cm x 50 cm sous cadre









